Une forte compétition sur la demande de broutards
Les importants besoins du marché intérieur français, de l’Italie et de l’Espagne tirent les cotations à la hausse. Le manque d’animaux n’améliorera pas la situation pour 2025.
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Le cours du broutard français ne cesse d’augmenter depuis l’été 2024 (lire l’encadré). Pour Maxime Le Glaunec, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage (Idele), « si les prix tirent autant, c’est parce que l’engraissement en France a bien repris, et que les demandes espagnole et italienne sont également à fond ». Les engraisseurs espagnols sont arrivés en force sur le marché du broutard lourd. Historiquement, leur demande était complémentaire à celle de l’Italie, puisqu’ils cherchaient des animaux plutôt légers, entre 160 et 300 kg.
Concurrence entre Espagne et Italie
« En 2024, les importations espagnoles d’animaux vifs de plus de 350 kg ont augmenté de 15 % par rapport à 2023, chiffre Maxime Le Glaunec. Elles s’élèvent à 54 000 têtes contre seulement 30 000 en 2021. » On observe à l’inverse un recul des animaux légers envoyés vers l’Espagne. En 2021, plus de 80 000 broutards de 160 à 300 kg étaient exportés vers la péninsule Ibérique, contre seulement 54 000 têtes en 2024. Les deux catégories d’animaux se sont rééquilibrées.
« Les Espagnols entrent donc en forte concurrence avec les Italiens. Les exportations de broutards lourds vers l’Italie ont pris un coup », affirme l’agroéconomiste. Pour preuve, elles ont reculé de 10 % en trois ans. Au total, l’Italie importait 925 000 broutards en 2021, contre seulement 778 000 en 2024. « Malgré cette forte demande qui persiste, il n’y a pas assez de broutards en France pour alimenter à la fois les marchés italien, espagnol et national », s’inquiète Maxime Le Glaunec.
Chute des naissances en décembre
La décapitalisation des cheptels bovins français a fortement impacté l’offre en jeunes mâles allaitants, et la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 3 semble en avoir remis une couche. « Au printemps 2024, nous avions observé une baisse des naissances, contextualise l’agroéconomiste. Nous pensions que les vêlages allaient se décaler à l’automne comme les dernières années. Mais sûrement en raison des épizooties en France, nous avons observé une importante baisse des naissances sur tout l’automne et le début de l’hiver. »
D’après les estimations de l’Idele, les naissances de veaux de mères allaitantes auraient reculé de 7 à 8 % en décembre 2024 par rapport à 2023. En cumul sur l’année elles ont baissé d’environ 5,5 %. « Nous sommes habitués à enregistrer des baisses avec la décapitalisation, confie Maxime Le Glaunec. Mais là, c’est conséquent. Il y aura forcément des effets assez nets de ce décrochage. » Mécaniquement, le manque de broutards français est inévitable sur l’année 2025, ce qui risque de tendre davantage le marché.
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